La sigillée

Vestiges de fours du site de la Graufesenque sous un ciel contrarié.

Technique datant de l’époque gallo-romaine, la céramique sigillée a été produite pendant 150 ans et exportée dans tout l’empire romain pour tomber dans l’oubli pendant près de 2000 ans avant d’être redécouverte par Pierre Bayle dans les années 70.

Le nom de sigillée provient du latin sigillum, donné par les archéologues au XIXème siècle pour qualifier la vaisselle romaine au vernis rouge, au décor moulé et le plus souvent poinçonnée du “sceau” du potier.

Sur le site de la Graufesenque à Millau, on a retrouvé près d’une cinquantaine de fours à céramique ayant servi à cuire de la poterie sigillée, dont on imagine la colossale production à environ 600 millions de vases (estimation de l’archéologue Alain Vernhet, découvreur du site) diffusées dans l’empire romain, Italie, Grèce, Allemagne, Espagne, Egypte, Inde…

La particularité des sigillées est de n’avoir aucun émail recouvrant la terre pour l’étanchéifier. C’est la sigillée elle-même, obtenue par un processus de décantation ou de lévigation, qui joue ce rôle en vitrifiant à basse température et se comportant comme un vernis étanche. La fine couche de terre, fortement chargée d’oxydes de fer, a la propriété de vitrifier à basse température (entre 980 et 1100°C selon les terres) et de rendre la pièce étanche sans émail.

Pierre Bayle, collection céramique du musée de Sèvres

 La technique de la sigillée, redécouverte par Pierre Bayle (potier méditerranéen, explorateur de formes et sculpteur merveilleux!) est aujourd’hui pratiquée par une petite communauté de céramistes qui, le plus souvent, ramasse des terres sauvages et ont un certain goût pour l’expérience et la recherche de cette matière vivante.

Argile blanche des bords de Seine

Ces “terres de rencontre” sont glanées dans la nature au fil des pérégrinations, en bord de rivière, dans l’excavation des fondations d’une future maison, au détour d’un chemin, au creux d’une flaque… Ces cueillettes fortuites sont ramenées à l’atelier et mises à décanter dans de l’eau de pluie, de quelques jours à plusieurs semaines. Seules les particules d’argile les plus fines seront gardées, celles qui vitrifieront autour de 1000°C.

 

 

Argile noire sur une plage de Normandie

 

 

 

Posée par vaporisation en 4 à 7 passages sur une pièce longuement polie, la sigillée est déjà luisante à cru!  L’enfumage final viendra souligner les tensions présentes dans le fin engobe sigillé, marquant un rythme et laissant sur sa peau d’argile l’écriture du feu.