Terres enfumées

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C’est dans les terres enfumées que je trouve le plus de possibilités de rêverie…

D’abord la terre. Matière vivante qui nous ramène à ce contact premier, saisie à pleines mains on devient tout entier ce qui touche, ce qui est touché… on ne sait plus bien!
L’esprit part en vacances et le dialogue qui naît alors du corps à corps est libre, intuitif, jubilatoire.
Quand la forme est là, je commence le lent voyage dans son écorce. Sur des peaux d’argile que je polis longuement avec mon galet jusqu’à les rendre très lisses, la terre devient peu à peu comme de la soie. Elle se comprime et renvoie la lumière comme un miroir. Le geste est lent, répétitif, hypnotique, temps propice aux vagabondages de l’esprit… Je prends le temps, fascination de la matière, j’apprends chaque parcelle de sa peau.

Vient ensuite l’offrande au feu, le grand alchimiste. Je lui confie le soin de l’écriture. La terre commence alors son propre rêve de craquelures, chemins égarés, signes improbables, ces dessins de fumée qui révèlent sa mémoire minérale, rêverie d’un autre âge…